Les Diablerets 33ème Festival International du Film Alpin | International festival alpin film |
Dans la Catégorie 1 – exploits, sports extrêmes et freeride
le Diable d’or revient au Suisse Pascal MAGNIN pour son film
BORDERLINE:
BASE JUMP.
Comme on dit à la télévision, c’est un beau sujet
didactique sans être didactoc, c’est-à-dire fait avec intelligence,
avec une
réelle harmonie entre l’image et la musique, ce qui est plutôt rare dans cette
catégorie. Bien rythmé, avec des images fortes, il a aussi la qualité de montrer
à un jeune public qu’on peut être un casse-cou raisonnable: ça n’enlève rien aux
frissons garantis, qu’on soit acteur ou spectateur.
Dans la Catégorie 2
– celle des récits – le Diable d’or est attribué aux Suisses Bernard
Robert-Charrue et Stéphane Schaffter pour le film
LE RÊVE
ACHEVÉ.
Bien que ce film souffre de quelques défauts – qui seront
sans doute corrigés car il a été terminé dans l’urgence pour être montré ici
–
le jury a été très touché par sa valeur essentiellement sentimentale, puisqu’il
s’agissait pour le fils de Raymond Lambert et le petit-fils du sherpa Tensing de
parcourir ensemble les derniers 200 mètres que leurs illustres parents n’avaient
pas réussi à franchir, en 1952, pour vaincre l’Everest. Il ne s’agissait donc
plus ici de réaliser un exploit, mais de jeter un pont entre les générations,
tout en rendant un hommage mérité à tous les sherpas inconnus.
C’est
l’aspect humain plein de tendresse et l’opposition des moyens entre 1952 et
aujourd’hui qui ont prioritairement déterminé notre choix, pour ce film
relativement classique dans sa forme, mais très bien monté.
Dans la
Catégorie 3 – celle des documentaires –
le Diable d’or va au réalisateur kirghize EVGENY KOTLOV pour son film
– je vais vous le dire en français –
LE SYNDROME DE NOËL.
Bien que ce soit le Kirghizstan qui ait lancé
l’Année de la Montagne, ce n’est pas pour cela que nous avons retenu ce film,
mais bien pour sa réalisation très forte sous son apparente simplicité.
Là
encore, il ne s’agit pas d’exploit mais d’être ensemble et peu importe qu’on
atteigne ou non le sommet! A l’heure des records en tout genre, ce film lourd de
symboles, pose un vrai regard sur la vie, la politique, le temps qui passe
et
ne passe pas toujours bien. Il fait preuve aussi d’une grande audace de langage
et d’un fatalisme parfois riche d’enseignements! Un très beau film, très
construit.
Dans la Catégorie 4 – celle de l’environnement – nous
avons retenu un film classé dans la catégorie Récits mais que nous avons jugé
plus à sa place ici. Le Diable d’or revient ainsi au film de l’Italien
Renato MORELLI, intitulé IL GUARDIANO DEI SEGNI.
Certes, il
y avait dans la catégorie Environnement d’autres films non négligeables, mais
celui-ci l’emportait très nettement par le regard global qu’il pose sur tout ce
qui touche à l’environnement: influence de l’homme, sauvegarde de la nature,
préservation du patrimoine, sens philosophique de la vie. C’est un film qui
traite de vrais problèmes, avec toutes ses composantes, sans être jamais
moralisateur.
Les autres films de cette catégorie étaient plus
classiques. Celui-ci vous accroche dès la première image et ne vous lâche plus.
C’est la preuve d’une grande réalisation.
Enfin, le Grand Prix du
festival des Diablerets 2002 est également attribué au film italien de
Renato MORELLI: IL GUARDIANO DEI SEGNI.
Si le jury a décidé
d’attribuer deux prix à ce film remarquable, c’est que d’entrée de jeu et à
l’unanimité, il nous a profondément marqués. Par la force du personnage central
bien sûr, pain bénit pour tout réalisateur, mais encore fallait-il savoir le
mettre en valeur. Or, on a affaire ici à une réalisation exemplaire, qui a su
relier le monde urbain au monde rural sans aucun hiatus, faire de l’inquisition
avec pudeur, oser parler presque en continu sans qu’on décroche une seconde
(ce
qui prouve qu’un son bien compris et aussi important que l’image), bref: une
réalisation sans aucune faille, un modèle du genre, tout dans ce film étant
porteur de quelque chose. Ce « Gardien des Signes » est aussi le gardien de la qualité.