La moule zébrée (Dreissena polymorpha)
Originaire de la Russie méridionale, ce mollusque bivalve a peu à peu envahi toute l’Europe occidentale (Angleterre en 1824, Lyon dès 1852) y compris le Léman dès 1962, puis le lac de Neuchâtel dès 1969. Durant la période de reproduction estivale, les adultes, fixés sur des substrats durs, produisent d’importantes quantités de larves planctoniques mobiles qui permettent ainsi une colonisation rapide de nouveaux milieux. Les moules zébrées, dont on peut compter plusieurs milliers d’individus par m2, sont un aliment recherché par de nombreux canards plongeurs. L’arrivée de ce mollusque dans le Léman s’est traduite par une forte augmentation des populations de canards malacophages (qui se nourrissent de mollusques) tels que fuligules morillons ou milouins.
La moule zébrée, signalée pour la première fois dans le Léman vers 1960, s’est depuis très fortement développée, colonisant l’ensemble du lac. Ce mollusque est intéressant pour le suivi de certaines pollutions car il a des propriétés bioaccumulatrices, c’est-à-dire que sa chair présente des concentrations plus grandes en métaux (cadmium, cuivre, plomb, zinc) que celle des poissons.
La crevette d’eau douce (Gammarus fossarum)
Cette petite crevette au corps gris-blanc à orange vif, aplati latéralement, pouvant atteindre 2 cm de long, vit essentiellement cachée sous les galets ou les débris végétaux. Détritivore, elle se nourrit de restes végétaux et animaux. Durant la période de reproduction, les mâles ont la curieuse habitude de se réserver une femelle encore immature en la retenant sous eux jusqu’à la ponte, soit parfois pendant plusieurs semaines.
Contrairement à ses cousines vivant en eau salée, la crevette d’eau douce n’est pas comestible.
Les écrevisses
Dès la fin du XIX° siècle, la plupart des populations indigènes ont été décimées par la « peste des écrevisses », causée par un champignon parasite (Aphanomyces astaci). Depuis, plusieurs espèces étrangères ont été introduites en Europe, et plus particulièrement dans le Léman. Actuellement, trois espèces forment des populations dans le lac. Leur répartition et leur nombre actuel ne sont toutefois pas connus avec précision.
L’écrevisse américaine (Orconectes limosus) a été identifiée pour la première fois à Ripaille en 1976. Elle est actuellement abondante dans le Petit Lac, en particulier entre Versoix et Genève.L’écrevisse turque à pattes grêles (Astacus leptodactylus) est observée localement sur la rive française (Meillerie, Thonon, Hermance) depuis 1979.
Enfin, l’écrevisse de Californie (Pacifastacus leniusculus) s’est échappée accidentellement du Laboratoire de la Station d’Hydrobiologie Lacustre de l’Institut National de la Recherche Agronomique INRA de Thonon pour arriver dans le lac à la fin des années 1970. Elle ne semble pas y avoir proliféré.
Les sangsues (p. ex. : Helobdella stagnalis)
Cette espèce, très fréquente dans le Léman dépasse rarement 1 cm de long. Elle ne s’attaque qu’à d’autres invertébrés (vers, larves d’insectes, mollusques) dont elle suce les tissus.
Les sangsues ne sont pas des nouvelles venues dans le Léman. Au XVe siècle, elles y étaient même localement fort nombreuses.
Les escargots d’eau (p. ex. : Radix auricularia)
Ce mollusque hermaphrodite, pouvant atteindre 4 cm de long, est particulièrement abondant dans les zones riches en végétation aquatique. Il se nourrit en broutant les organismes microscopiques (algues, ciliés, etc.) poussant sur les plantes aquatiques.
Les escargots d’eau sont responsables de la dermatite des nageurs, ou puce de canard. En effet, ils hébergent fréquemment un stade intermédiaire d’un ver parasite du canard (Trichobilharzia szidati). En été, des larves appelées cercaires quittent les escargots d’eau et nagent sous la surface de l’eau à la recherche d’un canard. Attirées par la chaleur des baigneurs, qu’elles confondent alors avec un canard, elles cherchent à pénétrer dans le corps à travers la peau. La nôtre étant heureusement plus épaisse, la cercaire y meurt et déclenche une réaction se manifestant par un bouton et une démangeaison.
Les larves de trichoptères (p. ex. : Hydroptila sp.)
Surtout présentes sur les plantes aquatiques ou sur les fonds de cailloux, ces larves d’insectes primitifs ont la curieuse habitude de vivre dans un fourreau qu’elles fabriquent elles-mêmes avec des débris végétaux ou minéraux.
Les larves de moucherons (p. ex. : Chironomus sp.)
Qui n’a pas, par une belle fin de journée invitant à la détente et au pique-nique au bord du lac, été un jour excédé par des nuages de moucherons envahissants ? Il s’agissait alors d’émergences de chironomes, petits insectes diptères (qui n’ont qu’une paire d’ailes) dont les larves aquatiques raffolent d’algues… abondantes sur le littoral lacustre. Ressemblant à des vers, de couleur rouge, verte ou jaunâtre, elles s’en distinguent toutefois par la présence d’une tête et de deux paires de fausses pattes (pseudopodes). Certaines espèces ne sont pas confinées à la zone littorale et peuvent également coloniser la zone profonde.
Les larves d’éphémères (p. ex. : Caenis horaria)
Cette larve de petite taille (jusqu’à 6 mm) colonise les fonds vaseux riches en matières organiques. Les larves émergent au début de l’été, les adultes pondent aussitôt et meurent rapidement. Par rapport à l’ensemble du cycle vital, la phase adulte, aérienne, est donc très brève, d’où le nom d’éphémères donné à cette famille d’insectes.
Source: www.cipel.org