Piolet d’or 2002

Crée en 1991 par Guy Chaumereuil et Jean-Claude Marmier,
il récompense chaque année la performance alpine considérée comme la plus marquante.
Tentative audacieuse à ses débuts, événement,
organisé conjointement par le Groupe de Haute Montagne et la revue Montagnes MagazineLa sélection des lauréats potentiels, ainsi que les conditions
d’attribution du trophée obéissent à une éthique stricte,
qui est dans la droite ligne des valeurs fondatrices du GHM.
Haut niveau technique et engagement constituent certainement
les principaux critères auxquels les membres du Groupe éprouvent tant d’attachement.
L’originalité dans le choix objectif, le caractère novateur
dans la manière de conduire une ascension sont également des éléments
d’appréciation importants. La pratique de l’alpinisme est en effet
en perpétuelle évolution, et cette dimension ne doit pas être oublié.

C’est par la transgression de certaines étapes qui furent considérées
comme franchissables que les mentalités ont évolué, et que des ascensions
réputées impossibles sont devenues courantes.
Il en va ainsi de l’himalayisme sans oxygène,
il y a vingt ans de cela environ. Avec le temps,
la communauté alpine internationale a pris peu à peu conscience
du patrimoine exceptionnel constitué par tous les sommets gravis à travers le monde.

Le respect des montagnes qui nous entourent,
la beauté du geste et l’esprit dans lequel on les a gravit sont ainsi devenus
une des conditions primordiales dans l’attribution du prix. On peut en effet
léguer aux générations futures des sommets meurtris au nom d’une éthique alpine
dévastatrice sans altérer profondément l’esprit même de cette activité.
Respect des lieux, respect des hommes aussi.

L’alpinisme est la synthèse de nombreuses valeurs humaines qui font
toute l’originalité de cet art de l’éphémère par excellence.
Parmi tous les symboles véhiculés par l’alpinisme,
le plus fort est certainement celui de la vie.

En plaçant l’homme dans une situation extrême qui exacerbe les contrastes,
l’alpiniste permet de rendre les composantes essentielles de la vie plus identifiables.
Le risque, apanage du vivant y joue un rôle déterminant.
Mais la mort est toujours un échec et, à ce titre,
elle ne peut faire l’objet d’une récompense, tout au plus d’une compassion.
Au delà, l’attribution même du prix, le Piolet d’Or permet de baliser chaque année l’évolution de l’alpinisme,
et de mieux lire ainsi le message qu’il porte en lui.


Yves Peysson