Pourquoi les oiseaux ont-ils des plumes

Les oiseaux sont les seuls animaux à avoir des plumes. La réponse
à la question de savoir pourquoi peut sembler évidente. «Pour
voler !» vient tout de suite à l’esprit et à la bouche.
Mais
en fait, non. Deux exemples le prouvent. Le premier est celui des chauves-souris
qui, même si elles ne sont pas des oiseaux mais des mammifères, sont
capables de voler sans plumes. Le second exemple est celui des Indiens (ou des
danseuses de revue) couverts de plumes et qui ne volent pas. Il y a aussi l’exemple
des oiseaux (à plumes) qui ne volent pas, des poissons volants ou des avions,
mais bon. Le plumage d’un volatile (au sens ancien de l’ensemble des oiseaux)
va certes lui permettre (ou ne pas l’empêcher) de voler, mais va surtout
assurer son isolation thermique, sa protection solaire et son imperméabilité.
Il va rester au chaud et au sec dans pratiquement toutes les conditions climatiques
et pendant tous ses vols, à toutes les altitudes. Mais, pour cela, il faut
qu’une plume soit une petite merveille technologique.

Il est maintenant admis que les oiseaux sont un peu les dinosaures modernes,
puisqu’ils descendent de certains reptiles du crétacé. Les plumes
sont en fait des écailles de reptile modifiées. Elles ne se sont
pas faites en un jour, bien sûr, et ont lentement évolué au
cours des millions d’années pour atteindre leur «perfection»
actuelle. Mais leur composition est encore identique à celle des écailles
: elles sont faites de kératine, que l’on retrouve chez l’homme dans les
cheveux, les poils ou les ongles, chez d’autres animaux dans les griffes ou les
sabots.

Regardons une plume. Elle a une tige centrale (le rachis), épaisse,
à laquelle sont rattachées latéralement de plus petites tiges
(les barbes) comme deux peignes dos à dos. À la loupe, on peut voir
que les dents des peignes sont à leur tour reliées entre elles par
d’encore plus fins «fils» (les barbules). Et tout un système
de petits crochets relie tout ce beau monde. Assurant cohésion mais aussi
souplesse à l’ensemble.

Chacun a pu constater que les oiseaux passent une grande partie de leur temps
à se faire beau. En passant et repassant inlassablement leur bec dans leur
plumage. En fait, ils réparent leurs plumes, les nettoient et les enduisent
d’une substance qui va aider à leur imperméabilisation. Avec le
mouvement de leur bec, de la base vers l’extrémité, ils vont raccrocher
les petits crochets des barbules qui ont pu «sauter» lors de leurs
évolutions. Redonnant cohésion et souplesse à la plume.

Mais une plume n’est pas éternelle. Une à deux fois par an, les
oiseaux font leur mue. Soit progressivement, soit plus brutalement. Dans ce dernier
cas, comme pour certains canards et les oies, l’oiseau devient temporairement
incapable de voler. Les plumes proviennent de papilles dermiques, réparties
aux endroits stratégiques, comparables au follicule pileux des hommes.
Et pour qu’une nouvelle plume pousse, il faut que l’ancienne soit tombée.

Envergures phénoménales

Le nombre de plumes est très variable suivant les oiseaux (et oui, certains
les comptent). Certains petits colibris, qui ne pèsent que quelques grammes,
n’ont que 900 plumes, contre 25 000 par exemple pour un cygne. Une tourterelle
en a environ 4 000, un goéland de 6 000 à 7 000, un canard colvert
plus de 10 000. Leur taille peut également être très différente.
Pour un même oiseau, les plumes des ailes, de l’empennage arrière
ou du cou ont des longueurs très différentes. Entre espèces,
évidemment, la variation est aussi très grande. Certains oiseaux
atteignent des envergures (distance entre le bout des ailes déployées)
phénoménales. La cigogne dépasse les 2 mètres, certains
condors les 3 mètres et les plus grands albatros les 3,5 mètres.

Enfin, n’oublions pas que les esthètes ont leur mot à dire. Car
la plume est beauté. Dans de nombreuses espèces, les peintres s’en
sont donnés à cœur joie. Le paon, les perroquets, et bien d’autres,
rivalisent de toutes les couleurs de l’arc-en-ciel. Et ce n’est pas que pour la
beauté de nos yeux. C’est aussi une arme de séduction : les mâles
les plus chatoyants attireront plus les femelles que les autres. Avant, peut-être,
de leur voler dans les plumes…

Source: www.lefigaro.fr