Rapport sur le climat

Berne (ots) 19.03.2001 – Le climat mondial est en train de se réchauffer. Ce sont
surtout les émissions de gaz à effet de serre produites par l’activité humaine
qui contribuent au phénomène. Ces faits sont établis dans le 3e rapport du
groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (IPCC).
Voir détailPour les experts suisses réunis à Berne à l’occasion d’une journée de présentation
du rapport, ce réchauffement pourrait être plus important dans les Alpes qu’en
moyenne mondiale. Divers secteurs économiques, le tourisme hivernal,
l’hydroélectricité seront directement concernés. Pour inverser la tendance, la
Suisse a mis en vigueur l’année dernière la loi sur la réduction des émissions
de CO2. Sur le plan international, elle s’engage pour que des mesures de
réduction soient prises par tous les pays industrialisés, conformément au
Protocole de Kyoto.

Des modifications climatiques dues à l’activité humaine sont perceptibles à
l’échelle planétaire depuis une cinquantaine d’années. Pour apporter une
solution cohérente à cette problématique mondiale, une convention sur les
modifications climatiques a été élaborée dans le cadre des Nations Unies en
1992. Parallèlement, un groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du
climat a été mis sur pied. Il est chargé d’évaluer périodiquement l’état des
connaissances et de fournir la base scientifique nécessaire aux négociations
mondiales sur le climat. Réunis lors d’une journée de présentation du 3e rapport
de l’IPCC, les experts suisses ont exposé certaines implications que le rapport
pourrait avoir en Suisse.

Le rapport établit que le climat est indéniablement en train de se
réchauffer. Cette évolution devrait se poursuivre dans les 100 prochaines années
et le réchauffement pourrait atteindre jusqu’à six degrés. Pour la Suisse, le
changement climatique pourrait être plus important que la moyenne mondiale.
Entre 1961 et 1990 seulement, les températures ont augmenté d’un degré dans
notre pays alors qu’elles se sont élevées de 0,6 degré depuis le début du XXe
siècle en moyenne mondiale. De même, les précipitations ont augmenté de 12%
alors que la moyenne mondiale pour le XXe siècle est de 5 à 10%. La diminution
de la couverture neigeuse, le recul des glaciers alpins, l’augmentation de la
fréquence de fortes précipitations affectent également notre pays. Et cette
évolution devrait s’accélérer à l’avenir.

Le rapport relève que les effets des changements climatiques sont déjà
perceptibles dans notre environnement, naturel et construit. En Suisse, le
réchauffement climatique touche d’abord le tourisme hivernal. Les stations de
ski situées en dessous de 1200 à 1800 m d’altitude connaîtront de grosses
difficultés à long terme en raison du manque de neige. Suivant l’ampleur du
réchauffement, même des domaines de plus haute altitude pourraient être
concernés. La modification possible du régime des précipitations et du bilan
hydrologique pourrait nécessiter des adaptations des usines hydrauliques et du
système d’approvisionnement en eau. L’agriculture et la sylviculture, elles
aussi, pourraient connaître des problèmes supplémentaires si, outre les données
politiques et économiques, les conditions naturelles de culture changeaient de
manière décisive.

Le rapport relève également que l’ampleur du changement climatique futur
dépend essentiellement des émissions de gaz à effet de serre et qu’il est
possible d’influencer de manière décisive la vitesse et l’intensité du
changement climatique futur en agissant dans le secteur de l’énergie. En Suisse,
même dans la situation économique actuelle, réduire les émissions permet aux
entreprises de réaliser des économies, notamment au niveau des coûts
énergétiques.
Selon des modélisations macro-économiques des coûts/bénéfices,
la perte de croissance qui pourrait résulter des mesures prises dans le cadre de
la loi sur le CO2 serait faible : de 0 à 80 fr. par habitant et par an pour la
Suisse, pour une croissance du PIB de 700 fr. Cette analyse n’inclut pas les
bénéfices réalisés en évitant les dégâts que causeraient sinon les polluants
atmosphériques et le changement climatique. S’ils étaient pris en considération,
la politique climatique représenterait un bénéfice pour la Suisse du point de
vue macro-économique.

Que fait la Suisse ?
Sur le plan intérieur, la loi sur le CO2, la
loi sur l’énergie et le programme d’action Energie Suisse définissent le cadre
de notre politique climatique. La loi sur le CO2, entrée en vigueur le 1er mai
2000, a pour objectif de réduire les émissions de gaz carbonique de 10% d’ici à
2010 par rapport à 1990. En Suisse, le CO2 représente 85% des émissions de gaz à
effet de serre. La Confédération négocie actuellement avec le secteur privé pour
mettre en place des mesures volontaires de réduction des émissions. Les premiers
accords seront conclus dans les prochains mois.

Sur le plan international, le rapport de l’IPCC fournit des éléments
importants pour les négociations mondiales sur le climat, qui ont été
interrompues l’année dernière à La Haye et reprendront en juillet à Bonn. Le
rapport relève qu’une utilisation des puits et des mécanismes de flexibilité
pourrait diminuer notablement les coûts de la mise en oeuvre du Protocole de
Kyoto pour les pays industrialisés.
Ces conclusions pourraient satisfaire les
pays de l’Umbrella Group (USA, Canada, Australie notamment), partisans d’un
large recours à ces mécanismes. La Suisse et l’Union européenne préconisent
cependant une utilisation prudente des mécanismes. Les réductions doivent être
réa-li-sées d’abord par des mesures internes et subsidiairement par des mesures
externes au pays.
Office fédéral de l’environnement, des forêts et du
paysage (OFEFP)