Nourrir les oiseaux en hiver

L’automne s’avance d’une façon incertaine. Le jardinier regrette rarement les hivers froids. Censé tuer la vermine et les maladies qui l’été venu s’attaquent aux plantes, le grand gel décime plus encore les populations d’oiseaux insectivores, qui sont les meilleurs auxiliaires du cultivateur dans sa lutte contre les petits et les grands maux du jardin.
Dans les champs labourés après l’arrachage des betteraves à sucre, les mouettes, et les vanneaux dont les populations diminuent fortement, suivent le soc de la charrue pour manger les vers et les bestioles mis au jour, comme le rouge-gorge se faufile entre les pattes du jardinier qui bêche pour becqueter les vers blancs et les petites araignées qui courent sur le sol.


Pas bête, ce passereau sait qu’il n’a rien à craindre de l’homme, aussi il s’approche de lui et fait même sa toilette perché sur une branche de rosier, à portée de main ! C’est un moment de sa vie où il est facile pour un chat ou un petit rapace de l’attraper, aussi le rouge-gorge, qui s’est baigné dans une flaque d’eau, préfère s’installer près d’un ami pour lisser ses plumes, s’ébrouer, se débarrasser de l’eau qui alourdit son vol. Il n’est pas rare qu’il vienne regarder ce qui se passe dans la maison en se perchant sur les appuis de fenêtre ou réclamer à manger quand c’est la disette.

A TERRE ET EN L’AIR

On pourrait presque croire que le merle a toujours vécu en ville, or cet oiseau craintif vivait à la lisière des forêts et n’est peu à peu devenu citadin et familier qu’à partir du milieu du XIXe siècle. A une époque ou pas une seule tourterelle turque n’était encore sortie des régions où elle est endémique, puisque la grande émigration de cet oiseau pour peupler l’Europe n’a commencé qu’à la fin des années 1930 !

Autant le dire, même si une écologie pure et dure ne l’admet guère, il faut nourrir les oiseaux l’hiver, dès qu’il fait froid, en ville comme à la campagne.

Les jardiniers les attirent en leur fournissant de la graisse, des graines huileuses (tournesol et chènevis), riches en protéines, comme le millet rond ou roux et le blé concassé. Mais il faut leur donner leur pitance au bon endroit. Certains oiseaux ne mangent jamais à terre, d’autres jamais en l’air ! Il faut donc disperser les mangeoires dans le jardin, de façon aussi à ce qu’il n’y ait pas trop de bagarres.


Il faut également penser au fait que tous les oiseaux n’ont pas été formés chez Medrano et ne sont donc pas capables des acrobaties insensées dont les mésanges et les sittelles torchepots sont coutumières. On n’a jamais vu une tourterelle manger la tête en bas ! Les filets emplis de graines doivent être doublés de mangeoires-perchoirs disposées à 1, 5 m de hauteur et d’autres posées à terre.

On pensera, par grand gel, à donner de l’eau aux oiseaux. Elle sera renouvelée plusieurs fois par jour, car la pépie les guette autant que la faim. Mais attention, toujours dans des gamelles pas trop profondes de façon qu’ils ne se noient pas.
Source: lemonde.fr