De l’albatros, « aigle marin » en arabe, au bruant zizi, appelé d’après son cri, en passant par le canari, qui doit son nom au chien en latin, et le manchot, constamment confondu avec le pingouin…
L’origine et le sens de 262 noms d’oiseaux sont analysés dans un ouvrage paru chez Robert Laffont, « La mystérieuse histoire du nom des oiseaux », rédigé par la linguiste Henriette Walter et Pierre Avenas, polytechnicien passionné par les sciences naturelles et l’étymologie.
Les noms, tant scientifiques que communs, viennent souvent du latin ou du grec. L’aigle a pour racine le nom latin « aquila », peut-être lié à l’adjectif « aquilus » (de couleur brune), la grue vient du « geranos », mot grec désignant cet oiseau comme, par analogie de forme, un engin de levage.
Par extension, en pensant au bec conique droit du « geranos », les Grecs ont donné ce nom à une plante caractérisée par une excroissance en bec, devenu, via le latin, le « géranium ».
Le nom de l’albatros, le plus grand des oiseaux volants, est une formation hybride qui a pour origine l’arabe « al-gattas » (« espèce d’aigle marin ») avec influence probable du latin « albus » (blanc). Le plus petit, le roitelet, est un roi, « puisque la nature lui a donné une couronne », selon Buffon.
Le manchot, oiseau de l’hémisphère sud, a été nommé en 1740 par le zoologiste Mathurin Jacques Brisson « en raison de la brièveté de ses ailes ». Mais ce mot n’a jamais été vraiment adopté car, dans le langage courant, cet oiseau reste plutôt connu comme pingouin, terme de l’ancien néerlandais désignant un oiseau du nord. Le problème, c’est que le pingouin et le manchot se ressemblent, d’où la confusion des anciens marins malgré une différence fondamentale: le premier vole, le second non.
Dans d’autres cas, l’inspiration vient du comportement: le torcol est un oiseau qui a l’habitude de tordre et tourner son cou, le tisserin fabrique son nid en entrelaçant des herbes et des feuilles à la manière d’un tisserand.
D’autres noms font allusion à l’origine géographique de l’espèce. La dinde est la « poule d’Inde », importée par les Espagnols des Indes occidentales, c’est-à-dire des Antilles. Le canari provient des îles Canaries, connues dans l’antiquité comme « îles aux chiens » (« canis » en latin).
Puis il y a aussi les sons, à la base de nombreuses appellations onomatopéiques. Parmi elles, celles du coucou, du pic et du bruant zizi: ce dernier nom a été choisi après mûre réflexion par Buffon « d’après le cri ordinaire » du petit oiseau.
Par ailleurs, des noms d’oiseaux se cachent là où on ne les chercherait plus.
La gazette, « petite pie » en italien, est devenu synonyme de journal parce que pour acquérir un numéro de ce périodique créé en 1600 à Venise, la « Gazetta Veneta », il fallait donner une pièce de monnaie sur laquelle figurait ce oiseau.
Enfin, dans les années 1920, un fox-trot appelé la « danse du pélican » a donné à un brasseur lillois l’idée de lancer une bière nouvelle, « Pélican ». La boisson a ensuite été rebaptisée Pelforth — pel (ican) forte — avec une terminaison à l’anglaise pour faire moderne.
– « La mystérieuse histoire du nom des oiseaux », par Henriette Walter et Pierre Avenas, éd. Robert Laffon, 375 p
Source: AFP
très intéressant. J’aime bien apprendre l’ethimologie des noms, c’est sympa et en plus, plus facile à se rappeller. Merci